object:16.02 - Mater Dolorosa
book class:Collected Works of Nolini Kanta Gupta - Vol 05
author class:Nolini Kanta Gupta
subject class:Integral Yoga
class:chapter
French Mater Gloriosa
Other Authors Nolini Kanta Gupta FrenchMater Dolorosa
Mater Dolorosa
I
Je songe aux belles nuits, aux rves diaphanes
O j'ai vcu jadis; je vois encore leg traits
Fugitifs d'un pays aux horizon discrets,
Les regrets d'une gloire ultime qui se fane!
Loin des noirs tourbillons de ce monde profane,
Mon me reposait aux calmes diaprs
Des azurs infinis, et tranquille, s'ouvrait
Aux baisers innocents qu'en d'autres cieux on gla,ne!
Le voile tenebreux, hlas! monte toujours
Des gouffres inconnus et devore nos jours;
Et plus l'clair solicit, mieux sa foudre devaste!
O reste d'une cendre au milieu de nos feux
Les plus ardents; leg gourds ramages des aveux
Secrets mal endormis dans la chaire la plus chaste!
II
Rose, couleur d'aurore, O reveil du matin!
C'est Ie calme des cieux qu'encore tu distilles;
Rose close demi, fillette au sang tranquille!
C'est la paix qui me vient de ton regard divin.
Tout l'arome secret que tu cIes encore
Dans ton sein, je pourrais en goter au besoin
Les dlicesmais reste, aujourd'hui, reste au loin!
Rve de demi-jour! Ideal que j'adore!
Reste pour moi l'toile au fond de l'infini,
La voile des lointains horizonssalvatrice,
Et que tout monde et tout dsir s'vanouisse
En un pur transparent de l'Audel bni!
Aujourd'hui je me plais . . . au mirage peut-tre
Qu'tale un crpuscule, et j'attends des serments
Plus ardents, qu'au grand jour du dsenchantement
Je te ferai demain, rose d'un amour traitre!*
Je saurai te baigner d'un intime ocan
Tout de sve empourpr, t'chauffer la flamme
De roes desirs montants, corp mortel o se pme
Et meurt un ange, chair qui fleurit Ie nant!
III
La clarte de la lune est tendre et toute molle:
Elle dort sur leg monts, elle dart sur les mers,
Elle souffle l'toile un deux trouble de chair. . .
O leg fines langueurs d'une me frle et folle!
La lueur du soleil dissipe Ie beau rve;
Mais un autre s'veille au sein du jour brulant
De gloire vehemente et d'empire sanglant
Vanit d'un moment, bruit du flat sur la grve!
Ni Lune ni Soleil brillent dans mon me;
Toute une autre Lumire a su ravir roes cieux
Puissante est la douceur, aussi douce la flame
Que me verse un lointain regard mysterieux!
IV
Quand je vois de sa tige alanguie une feuille
Qui tombe frissonant aux caprices du vent,
Quand je vois la paupire humide d'un enfant
Qui n'a plus son jouetje gens que la s'effeuille
Tout un rve blemi, que c'est la Vanit
Qu'y pleure assise au bard de nos mortalits!
Et cependant j'ai vu leg debris qu'amoncelle
L'ouragan en furie et toute une grandeur
Me semblait une fois d'espace suprieur
S'lancer et plonger dans leg fangs charnelles
Mais ces vastes douleurs, ces grandioses marts
M'embrasaient je ne sais de quels secrets transports!
V
On a dj fini de se plaindre, insens!
On a dj fini! Viens donc, quitte la scne. . .
On a sch ses pleurs, on a dj pans
Les blessurespourquoi chrir encore la peine?
On a bien survcu des rves enfantines,
Le oeeur ne s'meut plus de petites faiblesses;
On est calme, on est sage. . . un rire clandestine
Accueillit l'assaut de ces viles tristesses!
La rose d'un matin, Ie parfum d'un printemps,
Et l'amour qui capture un cerveau juvenile
Qu' est-ce donc qui demeure ici? Mais tu' prtends
Que ta dmence toi sera seule immobile!
En ces flots de la vie o rien s'attache rien,
Combien de fois veux-tu qu'on se plaise aux folies?
On s'en prend, et puis, on s'chappe, on oublie . . .
Un rideau clt toujours nos horizons anciens!
VI
Creur d'enfant o ne sont ni l'amour ni la haine
Bourgeonnette incolore, ah! dors tant qu'il fait unit.
Dors ton aise, et loin du maude, de ses bruits
Rve au calme, au silence, aux choses lointaines!
Lent panouissement au rayon matinal,
O rongeur purile aux paupieres timides!
Garde ton innocence encore, demens Ie vide
Avide qui refine en ton coeur virginal!
O Femme, sang et feu de midi qui flamboie. . . .
O son et griserieet dboire cruel!
Ainsi tu l'as gout, Ie mystreest-ce joie
Et delice, dis-moi, n' est-ce enfin lie et fiel?
Calme coucher au soir, sagesse murie!
Je n'irai pas qurir Ie mot qui t'injurie. . . .
Seul, mon coeur en dvot une larme voudrait
A ton pied deposer, tabernacle sacr.
VII
Pays de vir eclat et d'ombre plus profonde,
O chaleur d' Arabie o s'exhalent l'encens
Et l'arome! Elles ant incendi roes gens,
Tes fiIles aux yeux noirs, volcans des feux immondes!
Horizon calme et frais au pays du levant,
Tes beauts ont la ligne aussi chaste et legre;
Mon amour les convoite et pourtant n'ose gure
De peur de blasphemer ces regards purs denfant!
FiIles de Nord, enfants du brouillard et du vague
Lazur chass du del a trouv Ie refuge
Dans vas yeuxah! ces yeux qui portent un deluge
Des rves somnolents o man amour divague!
VIII
En ce mois de brouillard et d'ombre,
L'me sombre
Ne songe qu'a l'obscurit;
En ce mois de vent et de grle,
Tout se gele
Amour, esperance et gaiet!
En cette menace sans borne
D'un ciel morne,
Couve Ie sinistre avenir;
En cette amre odeur qu' tale
La ptale,
Fuit l'encens d'un dernier soupir!
En ce tumulte de I'orage
Qui s'enrage,
L'esprit ne gait se recueillir;
En cette froideur qui s'entasse,
Toute lasse
Mon me se sent defaillir!
En ce mois de rves funbres,
Aux tenebres,
Arracher une illusion1
Du jour, de I'amourdes caresses2
Qu'eIle adresse,
Mme une folIe illusion!3
IX
It pteut . . . It pteut
II pleut. . . . il pleut. . . . il pleut sans fin des pleurs amres
II pleut du sang au fond de man me fendue:
La grce sans merci du Haut est descendue . . .
Et dans son infini, je me perds! je me perds!
Petits plaisirs cheris! O leg gentils mouillages
De mes jours envols, il me rant vans quitter,
Aller au large enfin chercher leg pretes
Des embruns vagabonds sur les mers sans vivages!
Bonheur de vie en grand! j'en ai besoin toujours
Mais un dernier regard, Amour en agonie!
Un seul baiser d'adieux aux lvres que je nie,
Et je pars jamais et vcrs toi seul j'accours!
II pleut. . . . il pleut. . . . Ie monde entier n'est que des larmes
O leg dieux si jaloux des aises qui nous charment!
X
Que ferai-je de ton me, et que ferai-je de ton coeur?
O l'avare cruel!
Je ne cherche4 point que tu m'aimes
D'un amour ternel, d'une foi sans branle.5
Enfant de terre et de mortalit,
Je ne suis pris que des choses qui prissent
Toujours c'est un rien qui me passionne
C'est une tincelle jete par hasard, qui dans mes veines
Embrase leg grands fleuves rouges!
O chair qui tressaille l'arome de la chair
O lvres qui s'enflamment aux vapeurs des lvres voisines,
Je ne connais pas d'autres chaleurs, et d'autres sves De la vie.
La folie d'un moment, dont aussitt on se gurit
Voil tout ce que je dsire!
On prodigue tant de choses et n' en perd rien cependant,
Mais toi, si digne de parcimonie, mon amour vierge !*
vision.
des faux folletsune caresse.
la plus trompeuse.
demande.
toujours vide.
***
French Mater Gloriosa
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